Aromathérapie

L’aromathérapie: qu’est-ce que c’est?


À cause peut-être de son préfixe “aroma”, une perception courante veut que l’aromathérapie se résume à diffuser d’agréables odeurs juste pour le plaisir… Or le suffixe “thérapie” indique bien qu’il s’agit d’une approche de soin – assez complexe, d’ailleurs – dont les essences aromatiques des plantes constituent la base. L’appellation qui est devenue d’usage courant pour parler des essences aromatiques est “huiles essentielles”.

Comme méthode thérapeutique, l’aromathérapie figure parmi les outils-ressources de la naturopathie. On s’en sert contre plusieurs affections (toux, maux de tête, sinusite, asthme, problèmes digestifs, insomnie, fatigue, blessures sportives, pelade), mais selon les aromathérapeutes, son action la plus remarquable est de nature antiseptique (contre les bactéries, les virus, les champignons et les parasites). On s’en sert également pour l’hygiène des espaces intérieurs (prévention et traitement des maladies infectieuses), en soins esthétiques et pour la détente. On lui prête aussi une action bienfaisante sur le plan psychologique et pour contrer anxiété, angoisse, frustrations, peurs et phobies, difficultés d’adaptation à la vie, au pressions, etc.

Qu’est-ce qu’une huile essentielle?

  • L’huile essentielle est une substance odorante volatile produite par certaines plantes et pouvant être extraite sous forme de liquide. Bien qu’on les appelle huiles, ces substances ne contiennent aucun corps gras : une goutte déposée sur un papier s’évaporera sans laisser de trace, contrairement à une huile végétale.
  • Le règne végétal compte plusieurs centaines de milliers d’espèces et 4 000 d’entre elles fabriquent des essences aromatiques; toutefois, seulement quelques centaines le font en quantité suffisante pour qu’on puisse les extraire. Aujourd’hui, l’extraction se fait surtout selon trois procédés.
  • Pression à froid, pour les zestes d’agrumes comme l’orange ou le citron.
    Extraction par solvant, dont le dioxyde de carbone, surtout pour les fleurs fragiles.
    Distillation à la vapeur, un procédé inventé au XIe siècle et le plus utilisé aujourd’hui.
    L’extraction des huiles essentielles est coûteuse, surtout à cause de la très grande quantité de matière première requise. Il faut compter environ 35 kg de plantes, en moyenne, pour obtenir 1 litre d’huile essentielle. Et c’est bien davantage dans le cas de certaines plantes comme la rose. D’où le prix élevé des véritables huiles essentielles. Car il existe aussi des huiles synthétiques, qui conviennent à la parfumerie, mais pas à l’aromathérapie.
  • Depuis des milliers d’années, les huiles essentielles sont utilisées couramment en cuisine, en médecine, en parfumerie et dans l’industrie cosmétique. Mais, c’est à la fin du XIXe siècle, en France, que commence l’histoire moderne de l’aromathérapie, au moment où l’on prouvait scientifiquement la capacité des huiles essentielles à neutraliser les bactéries (vers la même époque, on découvrait les antibiotiques, ce qui a eu pour effet d’écarter l’aromathérapie du champ de la médecine). On doit à René-Maurice Gattefossé, en 1928, la première utilisation du terme aromathérapie. On voit aussi, mais rarement, parfumothérapie.

Des composés chimiques complexes

  • Une huile essentielle peut renfermer jusqu’à plusieurs centaines de sortes de molécules, chacune ayant des propriétés particulières (antiseptique, bactéricide, immunostimulante, décongestionnante, etc.). Les scientifiques regroupent ces molécules en plusieurs chémotypes ou “familles biochimiques” – cétones, esters, coumarines, phénols, monoterpénols, etc. en fonction de la similarité de leurs propriétés.
  • De nombreuses huiles comprennent plus d’un chémotype. L’huile essentielle de sauge sclarée (Salvia sclarea) (voir notre fiche sauge (psn)), par exemple, contient 250 molécules différentes, dont 75 % issues de la famille des esters, et 15 % de celle des monoterpénols. Les molécules travaillent en synergie, ce qui explique la polyvalence des huiles essentielles et leur vaste spectre d’action. Une fois que l’on connaît les propriétés des chémotypes, ainsi que leur concentration dans une huile essentielle, on peut déterminer quels seront les effets de celle-ci, bienfaisants ou dangereux.
  • Il ne faut pas mélanger, pour une même plante, les propriétés de son huile essentielle et celles des feuilles ou des fleurs prises en décoction, par exemple. Ni confondre huiles essentielles, essences culinaires et parfums.
  • Enfin, il faut savoir qu’une même plante peut inclure diverses espèces, dont chacune possédera des chémotypes différents. La lavande (Lavandula), par exemple, compte plusieurs espèces dont les officinalis, les stoechas et les latifolia; c’est donc le nom latin complet qui nous permet de savoir de quelle plante il s’agit exactement. Le lieu de culture (climat, altitude, composition du sol) peut aussi influencer la composition chimique d’une plante.

Potentiellement toxiques

Les huiles essentielles sont très concentrées en éléments chimiques actifs et peuvent présenter certains dangers. Plusieurs composés sont irritants ou allergènes pour la peau et les muqueuses. D’autres peuvent être toxiques à forte dose ou sur une longue période. En ce qui concerne l’usage interne, il faut savoir que certains chémotypes, comme les cétones, sont des poisons et ne doivent être absorbés qu’avec beaucoup de précautions, surtout chez les petits enfants et les femmes enceintes. Les huiles essentielles ne doivent pas, en principe, être ingérées pures. Comme pour tout médicament, il importe de bien se conformer aux recommandations d’utilisation. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter un aromathérapeute qualifié.